Le Secret des rois de France by Histoire de France - Livres

Auteur:Histoire de France - Livres [Livres, Histoire de France -]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Editions de Minuit, rééd. Laffont
Publié: 2014-06-03T22:00:00+00:00

CHAPITRE IV

Les bijoux de l’impératrice

Ainsi, pendant des siècles, un mystère épais a entouré non seulement l’Aiguille creuse et son trésor, mais cet extraordinaire embarcadère dérobé qui, au bout d’un souterrain de huit cents mètres, entre une vallée déserte et une plage insoupçonnée, permettait de relier énigmatiquement l’Angleterre et la France. Le secret du roi, on le sait, était ce réseau d’informateurs et d’émissaires que le souverain entretenait personnellement au-dessus de ses ministres, et dont Louis XV notamment fit grand usage. Le tunnel d’Étretat en était un des chemins occultes.

Napoléon III eut manifestement connaissance de cet escalier dérobé de l’Histoire.

Dès 1853, et ainsi que l’établissent les archives des Ponts et Chaussées de la Seine-Maritime, il demanda personnellement communication des plans du port de guerre établis pour son oncle Napoléon Ier et qui, depuis près de cinquante ans, étaient demeurés enfouis sous la poussière.

L’année suivante, en 1854, l’impératrice manifeste sa sollicitude à la petite ville en lui offrant un portrait d’elle en pied, destiné à orner la chapelle nouvellement construite.

Mais précisément, Étretat, découvert par les artistes, lancé par les boulevardiers, était devenu une plage à la mode où un secret devenait plus difficile à garder. Des précautions nouvelles s’imposaient. Elles furent prises.

D’une part, la meilleure société de l’époque et la mieux en cour fut dirigée vers Étretat. Et dès les débuts du Second Empire, des terrains furent achetés, des villas furent construites par des familles comme les Boulay de la Meurthe (dont un des membres avait été vice-président de la IIe République au côté du prince-président), les de la Tour Saint-Ygest, les d’Escherny.

D’autre part, tout un réseau de communications souterraines fut articulé autour du fameux Donjon et les travaux de fouille effectués entre 1880 et 1900 à l’occasion du développement du réseau vicinal et de la création du chemin de fer les ont mises au jour.

Le plan ci-après en fait apparaître le raccordement ; leur énumération est, à bien des égards, pleine d’intérêt.

Le souterrain n° 1 relie la plage au jardin de la villa des Roches et existe encore ; il est du reste visible et accessible de la plage. Il fut construit en même temps que la villa des Roches par le comte d’Escherny, et utilisé encore par les Allemands pendant la dernière guerre.

De cette villa, en trois enjambées, on traverse la rue Jules-Gerbeau, autrefois dénommée côte du Mont, et on arrive alors dans la villa « Les Œillets ».

Celle-ci a une double particularité : en 1870, elle appartenait à M. Beaugrand, joaillier de l’impératrice, 19, rue de la Paix ; son jardin se composait de deux parties situées à flanc de coteau de part et d’autre de l’allée des Tamaris et reliées entre elles par un autre souterrain (n° 2 sur le plan). Ce dernier existe encore mais a été muré à une de ses extrémités depuis que la parcelle inférieure de la propriété a été vendue à part.

De cette parcelle on passait aisément (les terres n’étant pas encore morcelées comme aujourd’hui) dans le jardin de la propriété voisine, le Val Fleuri.

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